628 millions d’euros. C’est le montant des fraudes détectées par l’Assurance maladie en 2024, plus du double de celui de 2019. Un chiffre vertigineux. Faut-il être en conséquent plus sévère avec les fraudeurs ?
Avis recueillis le 21 mars 2025 via l’application CiviVox utilisée par CNEWS.
Les chiffres ont de quoi faire trembler. En 2024, les fraudes stoppées par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) ont atteint un niveau historique. Les professionnels de santé en ville concentrent 68 % du préjudice, avec en tête les audioprothésistes, ou prétendus tels, pour 115 millions d’euros de fraudes, suivis par les pharmaciens, infirmiers et transporteurs. Mais les assurés eux-mêmes ne sont pas en reste, avec 109 millions d’euros détournés.
La Sécurité sociale est-elle devenue un terrain de jeu pour les fraudeurs ? Et surtout, que fait l’État ?
« Bien sûr qu’il faut être plus sévère »
Pour Audrey, de Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), la réponse est limpide : « Bien sûr qu’il faut être beaucoup plus sévère avec ces fraudeurs. Les Français se serrent de plus en plus la ceinture alors que des gens se permettent de détourner de l’argent. Le gouvernement doit être intolérant. Il doit mettre les bouchées doubles. »
Même son de cloche chez David, de Janvry (Essonne) : « Il est bien évident qu’on doit être beaucoup plus sévère avec les fraudeurs. Mais ce problème, ça fait des décennies qu’il existe. Pourquoi on ne s’y intéresse qu’aujourd’hui ? C’est à se demander s’il n’y a pas eu une volonté de ne rien faire. » Ce sentiment de ras-le-bol est partagé : « C’est nous qui payons pour tous », conclut-il avec amertume.
Une fraude devenue politique ?
Pour certains, comme Jrs, d’Apt (Vaucluse), le sujet est désormais éminemment politique : « C'était un sujet peu culinaire, maintenant c’est un sujet politique. Toute ma vie, j’ai combattu… Il faut sévir. »
Cyril Chery, de Castelnaudary (Aude), s’interroge lui aussi sur l’inaction passée : « Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on dit qu’il y a des fraudes. Ça veut dire que rien n’a été mis en place. Ces gens-là, il faut les punir. »
Jean-Pierre, de Cerny (Essonne), insiste sur les conséquences concrètes pour les citoyens honnêtes : « Il faut les punir sévèrement, surtout ceux qui volent avec la carte Vitale. Après, c’est nous, les citoyens respectueux, qui payons tout cela par des augmentations ou des suppressions de médicaments. »
Faut-il revoir le système en profondeur ?
Certains vont plus loin, comme Marc, de Morthomiers (Cher), qui pointe un dysfonctionnement structurel : « Soixante-six millions de Français, vingt pourcents de mineurs et… soixante-dix-huit millions de cartes Vitale. Si on retirait les cartes invalides en les sécurisant comme les permis de conduire, je pense qu’on pourrait déjà beaucoup diminuer la fraude. »
Pour Muriel, de Saint-Brice-sous-Forêt (Val-d’Oise), il est temps d’agir avec fermeté : « Il y a énormément de fraudes parce qu’il n’y a aucun contrôle. On doit restaurer une loi, mais pour tout le monde. » Elle cite des cas aberrants : « Une personne avec quinze frères et sœurs ayant exactement le même nom ? Ce n’est pas normal. Un père avec vingt-cinq gosses ? Ce n’est pas normal. »
Colère et suspicion
Mais derrière la colère, une forme de suspicion émerge, comme chez Gérard, des Alpes-Maritimes : « Il faudrait sanctionner les voleurs… mais les vrais voleurs ne sont-ils pas ailleurs ? Les responsables politiques laissent tout passer depuis des années. »
Abate, d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), va plus loin : « Aujourd’hui, Macron découvre qu’il y a de la fraude ? C’est marrant. Il a besoin de milliards pour l’armée, alors soudain il s’aperçoit qu’on perd 628 millions ? » Un autre extrait de son message évoque l’ancien magistrat Charles Prats, qui avait alerté sur ces dérives sans être entendu : « On lui a dit qu’il était d’extrême droite, et aujourd’hui on se retrouve avec des milliards de fraudes. »
Face à l’ampleur du phénomène, la CNAM a annoncé un arsenal de mesures le 21 mars 2025 : formulaire Cerfa avec QR code, refus des photocopies dès juin 2025, recours à l’intelligence artificielle pour détecter les fraudes, et montée en puissance des pôles judiciaires spécialisés. Mais sera-ce suffisant ?